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Séances plénières

COLLOQUE DU CCERBAL 2025

Bilinguisme et multilinguisme : Perspectives et contextes divers

Dates du colloque : du 8 au 10 mai 2025

 

Rahat Zaidi, PhD (Université de Calgary)

Intersectionnalité et identité : Une approche critique du langage et de la littératie

De nos jours, le corps enseignant et la population étudiante évoluent dans un contexte de diversité culturelle et linguistique sans précédent. De nombreuses familles s’efforcent de préserver leur patrimoine culturel et linguistique tout en s’adaptant à des changements sociaux, culturels, politiques et économiques complexes. Cela dit, l’enseignement de la langue et de la littératie perpétuent un paradigme monolingue, ce qui risque d’entraîner une perte d’identité chez les étudiantes et étudiants plurilingues. Cette réalité démographique se caractérise par une tendance à la transition culturelle ou linguistique et à l’ambiguïté, ou à un état d’entre-deux. Elle favorise la transformation et la réflexion, en introduisant diverses manières de connaître, de penser et d’apprendre, et ouvre la voie à la recherche visant à explorer les possibilités de transformation pour les parties prenantes de l’éducation.

Cette conférence aborde le besoin urgent d’une nouvelle approche des expériences d’apprentissage significatives axée sur des pédagogies transculturelles pour améliorer l’apprentissage multilingue de la langue et de la littératie. La recherche montre que cet objectif peut être atteint par des moyens critiques, créatifs et socialement justes, avec l’école comme lieu de rencontre. Elle peut également fournir des indications sur les connaissances et les compétences dont le corps enseignant a besoin pour être sensible à la langue et à la culture. La recherche découle de la conviction qu’il est important de créer des espaces authentiques favorables à l’épanouissement des identités plurilingues. Il s’agit notamment de mettre au point des outils d’engagement en matière de littératie qui tiennent compte du sentiment d’intersectionnalité des étudiants et étudiantes, c’est-à-dire des aspects de leur propre langue ou de leur culture qui se chevauchent et se renforcent mutuellement, et qui sont liés à ceux de l’école et de la société. Au moyen d’un cadre holistique et pragmatique formé d’ateliers critiques et engagés sur la langue et la littératie, la recherche examine les discours et les expériences d’oppression et de subordination par des moyens créatifs.

Par son cadre méthodologique, l’atelier crée des lieux et des espaces permettant aux participantes et participants d’aborder leur état d’entre-deux et d’explorer leurs identités, leur multilinguisme, leurs souvenirs, leurs émotions et leurs expériences vécues dans leur apprentissage des langues et de la littératie. Il implique la collaboration entre le corps enseignant, les partenaires communautaires et la population étudiante, suscitant une prise de conscience et une compréhension de l’intersectionnalité et de la (re)formation de l’identité. La recherche constitue un appel à l’action pour tirer parti de la diversité linguistique et culturelle présente dans les salles de classe d’aujourd’hui.

 

Fanny Meunier, PhD (Université Catholique de Louvain)

Let’s Talk Pluriliteracies : vers des apprentissages riches et ancrés

Dans un monde hyperconnecté où la diversité linguistique et culturelle est de plus en plus mise en avant – mais pas toujours appliquée ou mise en pratique – le concept de plurilittératies offre une occasion précieuse de repenser l’éducation. 

Cette conférence plénière explorera les origines conceptuelles et l’évolution des plurilittératies, en mettant l’accent sur la manière dont le passage de ‘bi-‘, à ‘multi-‘ puis à ‘pluri-‘ redéfinit la littératie comme un processus relationnel et intégré, plutôt qu’une simple accumulation de compétences distinctes (Meunier, sous presse). En s’appuyant sur les recherches en EMILE (Enseignement d’une Matière Intégré à une Langue Étrangère) – et en particulier sur le cadre des Pluriliteracies Teaching for Learning (PTL) développé par le Groupe de Graz au Centre Européen pour les Langues Vivantes (voir, par exemple, Coyle, Meyer, & Staschen-Dielmann, 2023) – j’illustrerai comment les plurilittératies peuvent être intentionnellement développées et soutenues dans les curricula. Des exemples concrets illustreront comment les élèves, guidés par leurs enseignant·es, peuvent mobiliser leur agentivité pour construire et communiquer de manière critique des connaissances transdisciplinaires et interdisciplinaires, tout en intégrant à la fois des contextes locaux et globaux. Le concept d’agentivités dynamiques (Meunier & Decorte, accepté, 2025) sera également exploré, mettant en lumière la manière dont la responsabilité et l’agentivité peuvent évoluer de manière fluide entre les élèves, les enseignants et les outils, tels que les outils d’IA générative. Les opportunités et les limites de ces outils d’IA seront également discutées et illustrées.

En me référant aux principes pédagogiques, aux stratégies et aux outils technologiques qui soutiennent les plurilittératies, j’insisterai sur la nécessite de promouvoir ces approches.    

De plus, la conférence intégrera elle-même certaines stratégies ‘plurilittérées’, offrant ainsi un exemple concret de leur possible mise en œuvre.

 

Robert Falcon Ouellette (Université d'Ottawa)

L’inclusion des langues autochtones dans les institutions

Dans mon allocution sur l’inclusion des langues autochtones dans les institutions, j’aborderai le rôle essentiel des langues autochtones dans la résilience et l’identité culturelles. Ces langues sont au centre des histoires et des visions du monde des peuples autochtones. Je puiserai dans mes propres expériences, notamment l’utilisation de la langue crie à la Chambre des communes, pour démontrer en quoi la langue favorise la création de liens et la tenue de vrais dialogues.

J’explorerai la manière dont les pratiques coloniales, comme les pensionnats, ont marginalisé les langues autochtones, mais également l’idée qu’apprendre ne serait-ce que quelques mots d’une langue autochtone peut faire avancer la réconciliation et la compréhension mutuelle.

J’insisterai particulièrement sur la responsabilité des institutions canadiennes – qu’il s’agisse d’établissements d’éducation, d’entités gouvernementales ou d’entreprises – d’appuyer l’inclusion des langues par l’entremise de programmes, de formations en compétence culturelle et de politiques qui reconnaissent les langues autochtones. Enfin, je soulignerai le fait que la revitalisation des langues est un outil de guérison qui permet aux communautés de se réapproprier leur identité et de contribuer à la création d’une société équitable et plus inclusive pour l’ensemble de la population canadienne.

 

Vanessa Taler, PhD (Université d'Ottawa)

Cognition et bilinguisme chez les personnes âgées

De nombreuses recherches mettent en évidence les écarts de fonctionnement cognitif entre les personnes bilingues et monolingues dans divers domaines cognitifs. Dans le domaine des fonctions exécutives, certaines études ont montré que la vitesse et la précision étaient supérieures chez les personnes bilingues comparativement aux personnes monolingues, alors que d’autres recherches n’ont fait ressortir aucune différence entre les groupes. En revanche, dans les tâches linguistiques, les personnes monolingues s’en tirent généralement mieux que les personnes bilingues. Les effets du bilinguisme semblent être plus prononcés chez les personnes âgées que chez les jeunes adultes, peut-être parce que ces derniers sont au summum de leurs capacités cognitives et que les effets du bilinguisme sont donc plus difficiles à détecter. Je présenterai ici les résultats d’études comportementales et d’études de potentiels évoqués cognitifs menées auprès de personnes âgées bilingues, ainsi que les résultats de l’Étude longitudinale canadienne sur le vieillissement, qui mettent en lumière les possibles différences dans le traitement cognitif et neuronal associé au bilinguisme. Je parlerai également des travaux en cours sur le bilinguisme dans diverses communautés linguistiques. Ces résultats offrent des indications précieuses pour affiner notre compréhension de « l’effet du bilinguisme », car ils soulignent l’importance des facteurs individuels, tels que les antécédents linguistiques et les habitudes d’utilisation des langues. Les résultats sont également pertinents sur le plan clinique, et j’évoquerai à ce sujet nos travaux préliminaires sur l’élaboration d’outils d’évaluation de la fonction langagière chez les personnes âgées bilingues. Il est à souhaiter que ces résultats permettent aussi d’élargir la compréhension du bilinguisme et du multilinguisme tout au long de la vie, et de voir comment l’adoption de pratiques linguistiques plus inclusives pourrait avoir d’éventuels effets positifs durables.

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